Caterina Nelli

Dittico I, 2010, Förgetmenöt, 207 hand prints on baryta b/w paper, 153x194 cm
Dittico II, 2011, Cosmo, hand print on baryta b/w paper, 56x37.5 cm

“Le temps est indispensable à l’homme pour qu’en s’incarnant, il puisse s’épanouir en tant que personne…
Le Temps est un état. Il est la flamme dans laquelle vit la salamandre de l’âme de l’homme.”

(Andreï Tarkovsky, Sculpter le temps)

La définition donnée par Tarkovsky au temps de l’existence, à distinguer du temps linéaire et historique, peut aider à lire la recherche de Caterina Nelli qui fait du temps une matière vivante de son travail. De fait, ses oeuvres photographiques, peintures et installations, condensent le temps, le concentrent et lui restituent une densité constitutive et non pas conjoncturelle. Dans la série intitulée La Resa (2006), l’artiste présente des portraits d’elle-même dans différentes postures, brandissant un drapeau blanc, symbole de la capitulation face à la sur-détermination des événements, comme pour libérer un temps propre. L’utilisation de la caméra sténopéique pour la réalisation des portraits photographiques de jeunes amis Long Portraits (2007) impose des durées d’exposition très longues et entraîne la sédimentation du temps individuel des personnes photographiées, comme pour mieux saisir leur personnalité. Dans le travail de Caterina Nelli, les différents sujets prennent une valence similaire, dévoilant et produisant une forte proximité avec l’artiste et avec le sujet qui regarde. En témoignent les photographies sténopéiques de la série BIT (2006) qui présentent des outils technologiques obsolètes, ou celles du work-in-progress Nature Recordings (2009) où certains raccourcis de la nature restituent le regard et l’expérience physique du sujet qui l’a parcourue.

Les peintures sont elles-mêmes aussi le fruit de sédimentations temporelles. Il s’agit principalement de monochromes dans lesquels les couches de couleur sont appliquées à la spatule puis séquencées au moyen d’une règle. Dans Dittico I (2010), l’artiste crée un dialogue direct entre les deux supports : d’un côté, une grande composition d’instantanés nocturnes ‘automatiques’, pris sur une durée de trois ans sans regarder dans l’objectif et imprimés sur papier baryté, émaillé et usé par le temps (Forgetmenot), de l’autre un tableau peint à la même période (EuroFun II) dans lequel l’irrégularité des applications de couleurs s’oppose à la volonté de réguler la surface picturale. La juxtaposition des deux oeuvres créé une synthèse entre deux modes d’expression autonomes mais synergétiques : l’un devient squelette de l’autre, constituant la trace d’un même parcours.

Anna Daneri

Born 1979, Rome.
She lives and works in Rome, Italy.


Solo shows

2007: Long Portraits, Archivio di Stato Sant’Ivo alla Sapienza, Rome, Italy
2006: Bit/La Resa, Fondazione Adriano Olivetti, Rome, Italy
2003: In Progress, Locarno Film Festival, Locarno (CH), Italy

Group shows

2010: Le Danse Macabre, NOMAS Foundation, Rome, Italy
2008: Eppur si muove (And yet it moves), Fondazione Re Rebaudengo, Guarene d’Alba and Fondazione Edoardo Garrone, Palazzo Ducale di Genova, Italy

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