Danilo Correale

Le monde dans lequel nous vivons est sans nul doute surencombré d’images, de la manipulation qui en est faite à des fins de propagande et du mélange entre réalité et fiction qu’elles permettent. La recherche de Danilo Correale vise à explorer comment ces mécanismes produisent des interprétations du réel mais aussi, dans certains cas, comment ils finissent par donner naissance au réel lui-même sans se borner à le représenter. Car les images sont des documents. Elles ont donc pour fonction de nous informer ou de nous éduquer sur une situation non présente, ou encore d’en certifier une qui l’est. A ce titre, elles sont productrices de filtres (temporaires et de longue durée) à travers lesquels est perçue la réalité. Mais les images peuvent aussi être des outils de transformation et de correction d’événements réels, de narrations ou de fictions dictées par des convenances politiques ou idéologiques ou reformulées en vertu d’une rébellion contre des visions du monde reçues en héritage.

Dans la circulation et dans la diffusion de l’image, l’artiste identifie des éléments. Combinés à la manière dont les images sont associées dans des narrations et des dialogues, ces éléments fournissent les outils qui permettent l’exercice d’un pouvoir immatériel et pas totalement compact au plan idéologique. Ses opérations de détournement utilisent une étude sur le degré de participation active ou passive à ces outils et sur la manière dont ces codes peuvent activer le potentiel de révolte résultant de toute action iconoclaste, qu’elle soit conceptuelle ou matériellement offensive. Ce dernier aspect qui thématise la rébellion et sa récurrence revêt dans la pratique de Correale une valence politique et esthétique, en tant qu’impulsion violente à corriger le réel et sa fiction représentative.

Dans It Will Be Ready for Tomorrow… (2009), il assemble sa collecte d’ “images sources” selon une taxonomie bien particulière qui comprend des catégories telles que : Archétypes, Sciencefiction, Iconoclastie, Barricades, Industries Kodak, Voitures piégées et Inscriptions sur les murs. L’aspect iconique de la photographie devient pour Correale le territoire métaphorique à mettre en lumière en tant que lieu de combats et de négociation permanente  ans notre prise sur le monde. Ce qui en résulte est un regard critique qui démasque les systèmes régissant la représentation de la réalité. Ses sculptures et photographies sont une série d’actions qui visent à réévaluer la fiabilité et la transparence présumée de l’image photographique mais également de toute archive de la mémoire.

Francesco Manacorda