Il pourrait s’agir d’une constellation, mais alors les planètes seraient tragiquement plus sombres et étrangement alignées ! D’une constellation effondrée ? Ou alors d’une carte de naevus malins extraits, embrochés et exposés en séquence. Mais même cette option, qui ramène cette oeuvre de Santo Tolone du cosmique à une dimension plus corporelle, reste peu crédible. Trop arrondis, trop égaux, contours définis, même couleur... Et pourtant, une chose est sûre : comme les possibles lambeaux de chair, ils sont, eux aussi, voués à la décomposition. Et c’est bien le seul indice qu’il entend donner pour l’heure. L’oeuvre se base, dans ce cas comme dans bien d’autres, sur un processus de soustraction. L’objet “x” n’est pas donné : de lui, seuls des restes fidèlement disposés restituent le tracé originel.
C’est ce qui advient également dans la vidéo où Tolone traduit le libre mouvement du regard sur un paysage italien – proche des lieux de la vie et par conséquent du Heimat de l’artiste – dans la grammaire visuelle d’un spectacle sportif. A travers les mouvements de la caméra, un moment où s’est jouée la qualification lors de l’illustre (pour les experts) finale du match Italie-Brésil de la Coupe du Monde de 1982 est tatoué sur le paysage. Toulon le décrit avec le mouvement. Plus récemment et à nouveau dans l’univers de la sculpture, il a posé sur un piédestal un objet africain tribal dépossédé de ses couleurs de surface. Littéralement, il l’a décortiqué en éradiquant le folklore traditionnel original et en me montrant que des formes sinueuses, sensuelles, voire mielleuses, sans fonction, sans décoration. Entre le Quasi-Minimal et le Quasi-Organique. Une solution conceptuellement et formellement semblable à celle du cliché Emanuelle, dans lequel les fruits d’une nature morte classique ont été pelés et exposés avec leur pulpe, sans protection, sans peau, humides comme les zones d’accès du corps humain. Au principe de soustraction qui semble coïncider dans l’acte créatif de Tolone avec celui du plaisir, vient s’ajouter celui de la décontextualisation. Comme cela se produit dans la performance News pendant laquelle un groupe de musiciens joue en plein air les génériques des journaux télévisés italiens exclusivement et spécifiquement au moment où ceux-ci sont effectivement transmis par le tube cathodique ; ou encore la série des rondo gravés et laissés en quelque sorte flotter, sans la moindre coordonnée spatio-temporelle, sur des plaques de cuivre. La cosmologie initiale n’était en réalité que la disposition en quantité et orientation fidèles à l’original des grains de poivres contenus dans une rondelle de saucisson.
Milovan Farronato |
Born 1979, Como.
He lives and works in London, UK, and Como, Italy.
Group shows
2010: Missing Link, Residency Unlimited, New York, USA
SI-Sindrome Italiana, Le Magasin Centre National d’Art Contemporain, Grenoble, France
Men with balls: The art of the 2010 World Cup, Apex Art, New York, USA
Low Deco, Gemine Muse, Villa Necchi Campiglio, Milan, Italy
21x21: Artisti x il 21 secolo, Fondazione Sandretto Re Rebaudengo, Turin, Italy |