Le monde de la fantaisie, d’apparence si légère et ludique, conduit parfois dans des lieux obscurs et secrets. Il fouille aussi parfois dans la profondeur de notre âme, mettant à nu des vérités difficiles, gênantes à raconter. Le jeu est le langage choisi par Rita Casdia pour narrer ses histoires qui, à l’image de certaines fables, ne finissent pas toujours bien. Pourtant, la méprise initiale va permettre de parcourir ces chemins inconfortables et décousus, des chemins où l’on rencontre parfois des poupées en pâte à modeler aux yeux écarquillés et à la chevelure multicolore, héroïnes naïves et imprévisibles de faits d’époque auxquels elles n’apportent pas la moindre explication. Ces poupées ont l’air résolument perdu, elles interrogent et s’interrogent sans proposer la moindre réponse. Elles savent seulement s’engager sur le chemin tracé et le suivre jusqu’au bout, quelle qu’en soit la conséquence, sans s’en soucier. Rita Casdia modèle ou dessine ces figures subtiles au crayon, lignes qui s’enchevêtrent et se défont en écoutant des rythmes mystérieux.
Et c’est à travers ces figurines, silencieuses et vaguement inquiétantes, que l’on peut finalement raconter ses propres peurs : l’abandon, la peur de la comparaison, celle de ne pas être à la hauteur des canons imposés par la société, de ne pas parvenir à rencontrer l’autre.
Dialogues complexes, où ces petits personnages ne craignent pas de se dévoiler entièrement, exposant largement et sans la moindre pudeur des sentiments dévastateurs, des passions erronées ou non adaptées aux circonstances. Bref, tout le répertoire des relations humaines et sociales dans leur complexité, jouant avec les inadéquations et avec la constante
perte de certitudes.
Dans les vidéos – fruit d’un long et complexe travail de création des figurines, puis d’animation de ces dernières grâce à des milliers de prises photographiques – il arrive souvent que les poupées en pâte à modeler se confrontent à la réalité, déambulent dans des villes réelles, déambulent parmi architectures et jardins, multipliant à l’infini le sens d’étrangeté et de malaise et mettant en exergue la fragilité de leur existence.
Paola Nicita |
Born 1977, Barcellona Pozzo di Gotto (Messina).
She lives and works in Milan, Italy.
Solo shows
2011: dreamless, NotGallery - Lithium project, Naples, Italy
2010: MiniBaby, Galleria Nuvole, Palermo, Italy
Group shows
2010: 39° Festival du Nouveau Cinéma, Montreal, Quebec, Canada
LET’S PLAY, Cittadella (PD), Italy
TO FIND A VIDEO, Castello di Rivara, Turin, Italy |