Margherita Moscardini

The Landscape Project (Milano), 2010-2011, glass fragments found in the street, environmental dimensions

L’art, dans sa totalité, est contemporain et, sans aucun doute, de plus en plus international. Et pourtant, il me semble qu’il reste possible de distinguer un lien productif entre l’oeuvre et le contexte dans lequel l’artiste a été formé.

Dans le travail de Margherita Moscardini, je trouve que le thème du paysage est central, et c’est le paysage toscan que l’artiste a en tête. Pas celui de la publicité de l’office du tourisme, mais celui à travers lequel, depuis la Renaissance, les artistes ont interrogé la relation entre espace et représentation, entre vision et image.

Le paysage est aussi le lieu où se dépose le temps, celui qui est vécu, celui des choses et des personnes, qui est soit espace de relation et donc immatériel, soit espace habité, c’est-à-dire l’architecture, et aussi celui de l’Histoire.

Comment notre perception d’un lieu change-t-elle au fil du temps, et comment peut-on en restituer la transformation à travers une image ? Par des interventions souvent mineures qui modifient notre perception d’un détail déjà présent, en isolent une particularité ou mettent en relation, par l’effet d’un jeu optique, deux lieux différents et par ailleurs non communicants, Margherita Moscardini intervient sur notre focalisation et invite notre regard à considérer l’image dans sa relation irréductible à l’espace, la restituant au même moment en tant que représentation bidimensionnelle et en tant qu’objet tridimensionnel, à la fois comme idée et comme espace agi. La lumière est souvent l’élément par lequel l’artiste rend tangible cette ambiguïté, mais elle est aussi la traduction en image du paysage du temps.

Dans The Landscape Project, c’est le paysage urbain qui fait l’objet de l’investigation de l’artiste ; sujet d’une part à d’inévitables transformations et annulations, et d’autre part à des restaurations et à des tentatives parfois anachroniques de conservation. L’oeuvre est composée de tous les fragments de verre trouvés par l’artiste en parcourant la ville de Milan, du centre aux zones périphériques, et qui – une fois répertoriés par qualité et par provenance – ont été recomposés au sol, à Palazzo Reale, en forme de carte.

Dans ce portrait de la ville ou restitution topographique de Milan à travers les restes que la ville a produits, le verre, qui jusqu’alors encadrait le paysage, de tableau devient espace. Un espace quasiment invisible, rendu vivant par le faible éclat de la lumière sur la surface.

A la fin de l’exposition, les morceaux de verre seront fondus pour faire des vitres à réinstaller en partie dans des bâtiments désaffectés et en partie sous forme de vitres neuves qui viendront remplacer les anciennes vitres aux fenêtres de lieux privés, en tant qu’intervention permanente, achevant ainsi un processus de transformation de l’espace dans le temps.

Mais The Landscape Project est aussi une hypothèse de réécriture du paysage dans l’histoire de la ville : le cadre, la fenêtre, c’est-à-dire la vision, est recomposée pour un temps sous forme d’oeuvre avant d’être fondue et de recommencer à encadrer le paysage en conservant, peut-être, la mémoire de ces différents moments et états.

Cecilia Canziani

Born 1981, Piombino (LI).
She lives and works in Castagneto Carducci (LI), Italy.


Solo shows

2011: Display, Museo Marino Marini, Florence, Italy
2010: una stanza/fuori luogo, Spazio A Gallery, Pistoia, Italy

Group shows

2010: In Full Bloom, Raffaella Cortese Gallery, c/o Kaleidoscope project space, Milan, Italy
2008: Public Improvisations, c/o Fabbrica del Vapore, Milan, Italy
Mastermind, Neon Campobase, Bologna, Italy

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