“Nous vivons dans une réalité où abondent les prodiges, mais où ne les voient que ceux qui ont développé leurs propres perceptions.”
(Alejandro Jodorowsky, La Danse de la réalité)
L’oeuvre de Christian Tripodina est marquée par des petits gestes “détournants” qui mettent en évidence ce quelque chose de spécial, d’unique et parfois de magique qui se cache sous les plis de notre quotidien. Ses expérimentations multimédia – rigoureusement low-fi – donnent vie à des vidéos, installations, dessins, collages, travaux sonores et performances dont émerge une attention pour la nature, entendue non comme un idéal, mais comme une alternative possible. De fait, la constante du travail de l’artiste est un mélange permanent entre l’art et la vie, sorte de critique subtile de l’entropie technologique, de l’hypertrophie des consommations et de la dégradation de l’environnement.
Dans Farewell, goodbye forever (2009), Tripodina gravit une montagne en traînant derrière lui des souches de bois qu’il a trouvées. Il transporte également jusqu’au sommet une valise renfermant tous le nécessaire pour se construire un refuge éphémère, à mi-chemin entre l’autel païen et la tente de bivouac. La faune qui pourrait peupler ces lieux est présente dans Fragments (2009), une série de cartes postales réalisées avec les pages d’une encyclopédie dans laquelle les animaux représentés sont déchirés, ce qui produit un effet de suspension et d’ouverture sur l’imaginaire. Mais c’est avec Orchard que la poésie de Tripodina s’affirme plus nettement. Initié en 2008 avec la création d’un verger sur un terrain en friche situé dans une vallée frisant les bordures de la ville, Orchard est un projet en constant devenir qui prévoit l’interaction d’un groupe de personnes impliquées dans la construction d’une réalité autosuffisante : la maison, construite avec des matériaux de récupération, est alimentée par des panneaux solaires. Elle utilise l’eau détournée d’un torrent voisin et bénéficie d’un potager et d’un verger, justement. Le lieu est pensé pour permettre des interactions avec d’autres artistes et musiciens. Il résonne à distance à travers une série de travaux et d’événements dont une installation réalisée en 2010 : au centre, un reliquaire en bois de châtaigner, réceptacle des “trouvailles” de l’artiste. L’installation est accompagnée d’une trace audio qui évoque les différentes étapes de sa construction : une performance, Coral Gardens and Their Magic (2011) présente un rituel d’échange d’objets tandis qu’un vinyl conservera les sonorités produites dans le verger, nous transportant dans un ailleurs très proche.
Anna Daneri |
Born 1981, Genoa.
He lives and works in Genoa, Italy, and Berlin, Germany.
Solo shows
2010: Orchard, Chan Contemporary Art Association, Genoa, Italy
2009: Farewell, Goodbye Forever, Rebecca Container Gallery, Genoa, Italy
Group shows
2009: XIV Biennial of Young Artists from Europe and Mediterranean, Skopje, Republic of Macedonia
2008: Mulhouse Art Fair, Parc des Expositions, Mulhouse, France
Arte Italiana/Contemporary Art, Sharjah Emirate, United Arabian Emirates |